Il neigeait. Je regardai par la fenêtre et souriai. Dans notre enfance, avec ma sœur aînée, nous faisions la "danse de la joie" lorsque ce genre d'évènement se passait. Cela me paraissait être hier, mais c'était il y a déjà 10 ans. La nostalgie pouvait être fatale, pour quiconque en était touchée. Je le savais, je l'étais. Mais bravant toutes limites, je me mis à sautiller dans l'appartement. "Qu'importe, me dis-je. Je suis seule !" Les mouvements de la "danse" me revinrent rapidement... Et me lassèrent tout aussi vite. Ce n'était plus drôle sans elle. Je m'arrêtai, essoufflée, et décidai de faire un tour dehors.

Le sol devenait déjà blanc et les arbres revêtaient leur manteau d'hiver. J'enfilai le mien, rouge vif, et attrapai mon bonnet de laine, toujours accroché à mes gants. Les jours précédants n'avaient pas été froids et je n'en avait pas eu besoin. De ce fait, les vêtements d'hiver fraîchement achetés n'avaient pas servi. J'arrachai les petites attaches en plastique et enroulai mon écharpe autour de mon cou. Un rapide tour dans la salle de bain m'indiqua que je n'avait pas besoin de me coiffer ou de me remaquiller. Tant mieux, mon envie d'air frais devenait de plus en plus pressante. J'ouvris la porte à la volée et la claquait derrière moi. Un grognement désapprobateur me fit clairement comprendre que le voisin n'aimait pas cela. De toute façon, il n'aimait rien, donc une chose de plus ou de moins, ça ne changeait pas grand-chose…

Je sautai par-dessus la rampe d'escalier, et atterri plus ou moins gracieusement sur les marches en contrebas. J'avais oublié mon sac. Encore une fois. Je remontai les marches quatre à quatre et rouvris la porte de mon appartement à la volée. j'attrapai ma besace à frange et refermai la porte, mais en faisant cette fois attention à ne pas la claquer. J'eu beau tendre l'oreille, je n'entendis aucun grognement. Bien. Les relations avec le voisin s'amélioraient. Je redescendis mais, malheureusement, tombai dans les marches. Je fis une magnifique cascade et retombai, malgré moi, agenouillée en bas des escaliers. Maudite maladresse. Le voisinage, habitué, avait placé de grands tapis au pied des marches. Super. Je sortis et fis un pas dans la neige. Un frisson me parcoura le corps quand la sensation de froid se fis sentir.

Je fourrai mon menton dans mon écharpe lorsque j'entendis de la musique. J'avais complètement oublié le marché de Noël ! Pour une fois qu'il se passait quelque chose, je n'allais pas le manquer. Je m'approchai des stands. Une odeur délicieuse arriva jusqu'à mes narines. Je me dirigeai vers l'origine de cette odeur et tombai nez à nez avec un vendeur de sucres d'orge. J'en achetai cinq et parcourai les rues enneigées en savourant une des sucreries rouges et blanches.

Encore une fois, mon enfance à Philadelphie me revint en mémoire, et avec elle, les récits de mon père comme quoi ma mère adorait les sucreries de ce genre. Une sourire germa sur mon visage tandis que j'arrivai à la patinoire installée pour l'hiver. Les rires jaillissaient de toutes parts et une soudaine envie de glisser sur la glace me prit. J'achetai mon entrée et enfilai les patins. La plupart des patineurs étaient des élèves de Yale, et j'en reconnaissait quelques uns. Tous (ou presque) étaient sortis en groupe d'amis. Tandis que je patinai seule, les pensées se succédaient dans ma tête.

Je sursautai quand une personne derrière moi m'interpella.